Monte Viso

Tout commence par un coup de fil du Mig en début de semaine qui m’annonce que les conditions météo seront bonnes ce weekend pour enfin organiser la sortie club au col de l’Izoard. Les prévisions de milieu de semaine se confirment et les plafs annoncés sont à plus de 4000m.
Parfait ! Je vais pouvoir tester mon alpina 4 dans des conditions bien thermiques.
Avec Alex, on décide d’aller un peu se chauffer à Saint-André le jeudi où on se retrouve avec Guillaume pour se faire un joli vol dans des conditions bien agréables. Je n’arrive pas à boucler mais belle balade quand même sur Coupe.

Le soir, on dort au lac de serre-ponçon, où Cédric et mig nous rejoignent le lendemain matin pour décider où on va voler aujourd’hui. Après une analyse météo ultra poussée, on prend l’option col de l’izoard même si certains modèles donnent de l’ouest un peu fort.
Après un mic-mac stratégique de placement de véhicules, on se retrouve vers 13h30 au col de l’izoard où on retrouve Ed et David, un pote de longue date de Jean-Luc.

On est pas en avance du coup on se presse un peu dans la montée.

On est au déco vers 14h, il est grand temps de se préparer. Avec Cédric et Ed, on décide de décoller du déco officiel et les autres montent au sommet pour optimiser les chances et parce qu’ils aiment bien souffrir. Ceci s’avèrera être une bonne idée car le vent météo est en fait ouest et on décollera du coup un peu sous le vent mais avec de bonnes bouffes de face. On se fait bien bouger au déco et tout s’arrange quand on passe sur les faces ouest bien plus agréables.

Ça monte pas des masses au sommet, du coup on transite rapidement avec Mig sur le pierrier à l’est du col d’izoard où on choppe un bon thermique qu’on enroule ensemble. Je reste dedans jusqu’à 3500m mais je perds Jean-luc qui préfère papillonner un peu avant de monter plus haut.
Du coup, je me dirige vers le sommet de Rochebrune où je reprends un truc qui me monte à 3700m, de quoi continuer tranquille vers les cums appétissants qui sont un peu plus à l’est.

Les conditions sont agréables, le vent fort prévu par certains modèles n’est pas présent et les plafs sont bien là.
Quand j’arrive sous les nuages, ceux-ci remplissent leur rôle à merveille et je me fais satelliser à plus de 4000m en grapillant, j’avoue, les derniers mètres dedans car ils ne sont pas très denses et je ne perds pas le sol de vue.

Avec ce gaz, je peux me diriger vers le viso dans l’espoir de m’en rapprocher en traversant la vallée vers le sud-est. Après avoir fait une petite erreur stratégique en allant dans la mauvaise vallée , je rejoins la vallée voisine qui mène au viso avant d’avoir consommé tout mon gaz.
Et là, qui ne vois-je pas au dessus des crêtes, le mig lui-même qui me montre la voie ! Arrivé au dessus des caillasses, je choppe un bon thermos qui me permet de me refaire rapidement sous les encouragements de master mig en radio et de refaire 3700m.
L’aventure continue et je peux avancer le long de la crête qui mène au viso.

Je suis déjà super content d’être arrivé là et j’hésite à continuer car le reste du vol me paraît plus engagé mais je parviens à toujours rester au dessus des crêtes, du coup je continue. Je garde Jean-Luc en visu qui commence à radasser un peu et je le vois attaquer la face ouest ensoleillée du viso tambour battant. À ma grande surprise et la sienne aussi j’imagine, il continue sa longue descente et je le vois disparaitre derrière les reliefs.

Forcément ça ne me donne pas trop envie de suivre la même stratégie et je décide de m’avancer devant le viso où je vois des cums se former en me disant qu’au pire je pourrai faire demi-tour et essayer de rentrer. Et là, la magie du parapente opère et je monte doucement dans une espèce de conflue à la jonction entre deux vallées qui me permet de monter à 4000m. Entre temps, Jean Luc me contacte en radio pour me dire qu’il a posé près du refuge et qu’il s’est fait mal au pied.
Le viso me tend les bras, je suis euphorique je vais pouvoir le survoler avec de la marge.

Moment magique!!!

C’est du délire ! Me retrouver là fin octobre, j’en reviens pas!

Trêve de béatitude, il est temps d’essayer de rentrer pour retrouver les copains autour d’une bière !
J’ai un nouveau copain de route, un mec en zeno 2 jaune avec qui je ferai le retour.
La conflue est toujours là et je me refais satelliser devant le viso à plus de 4200m pour attaquer le retour de la meilleure des manières.

Les couleurs d’automne sont sublimes et la lumière rasante vraiment inhabituelle avec de tels plafs. C’est surréaliste !

Le retour face au vent d’ouest sera un peu plus long évidemment mais l’alpina me permet de bien avancer au premier barreau ce qui va me permettre de cheminer le long du relief après avoir raccroché le col agnel. Cette partie du vol est tout aussi magique avec une aérologie laminaire qui permet d’utiliser le relief pour se maintenir. Le soleil commence à être bien bas mais ce sera suffisant pour rejoindre Cédric et David à la boulangerie pour prendre une binouze avec eux et raconter mon vol.

Ce vol était complètement inespéré et je n’en reviens toujours pas ! Un grand merci à Jean-Luc pour le bon plan et de m’avoir montré la voie !

Nous n’aurons des nouvelles de Mig que très tard dans la soirée pour nous dire qu’il a réussi à rejoindre une route et du réseau après 4h de marche dans les caillasse avec un pied en vrac. Il est épuisé mais heureux d’être rentré. Encore une aventure de plus !

La journée se termine pour nous dans une pizzeria italienne avec Claudio et sa copine qui nous ont rejoins dans la soirée. Le top !

Jean Mi nous rejoins le lendemain au col Agnel où lui seul et Ed voleront car assez venté. Du coup, on décide de retourner au col d’Izoard voler Samedi et dimanche et ça marche encore bien malgré le voile de cirrus avec des plafs dans les 3800m pour certains.