Météo : différents modèles pour différentes prévisions

Nous allons tous sur des sites de météo et nous regardons sans trop nous poser de questions les conclusions exposées par ces sites. Or tous ces sites utilisent des données brutes et des modèles complexes élaborés par des ingénieurs sur plusieurs générations.

Les données brutes ne sont pas partagées par tous de façon libre et gratuite…

Le NOOA américain fait figure de précurseur dans ce domaine, notamment avec son modèle GFS.

Météo France qui est comme les autres ex-« services publics » doit faire face à des impératifs de rendement et d’auto financement ce qui induit des comportements mesquins en ce qui concerne le partage des données…

Quoi qu’il arrive les données sont des données réelles mesurées régulièrement un peu partout autour du globe. Beaucoup de ces données s’échangent aujourd’hui sur un réseau mondialisé et sont accessibles librement. Ces données ont différentes origines :

Les stations météo « officielles » très sophistiquées implantées en général par les grosses structures comme météo France ou équivalent dans les autres pays.

À ces « grosses » stations est associé tout un réseau de « petites » stations implantées soit par de petites ou moyennes entités (entreprises, fermes, aéroports, bases militaires, particuliers, etc.)

Si toutes ces sources de mesures peuvent sembler nombreuses à la surface des zones terrestres peuplées, elles se révèlent inexistantes ou très partielles au dessus des océans, des pôles, des grands déserts, etc. En temps normal, c’est-à-dire non confiné… Les bateaux et les avions qui sillonnent en permanence les océans et les cieux participent activement pour compléter ce réseau mondial de données.

 

Comme la météo à l’échelle d’une région est la conséquence locale de mouvements complexes autour du globe il faut connaître le plus précisément possible un maximum de paramètres tout autour de la Terre pour faire des calculs et anticiper le temps qu’il va faire sur une région. Évidement ce raisonnement déterministe fait face à la théorie du chaos des mélanges de masses d’air. Théorie du chaos qui rend évidement le déterminisme délicat au delà de quelques jours…

 

Bref, en ces temps de confinements, les modèles de calcul sont privés d’une partie non négligeable de données brutes. Il s’en suit que les prévisions au delà de quelques jours sont encore plus aléatoires qu’en temps « normal ». Ce n’est donc pas la peine de trop se stresser pour les prévisions au delà de la date du 11 mai… Et sans calculs sophistiqués on peut quand même envisager que le risque que le temps se dégrade est plus important que les chances qu’il reste au beau fixe car statistiquement et physiquement les saisons de printemps et d’automne sont des saisons de temps perturbés. La situation que nous avons connue depuis le début du confinement est plutôt atypique même si elle n’est pas exceptionnelle.

 

Pour en revenir à ce qui nous intéresse c’est-à-dire la prévision des bonnes journées !

Une belle journée de parapente s’anticipe. Et oui il faut préparer son entourage, son employeur ou ses clients à l’éventualité d’une ou deux journées d’indisponibilité pour cause de journée méga fumante du siècle à ne rater sous aucun prétexte. Il est donc important d’avoir une vue sur la météo à la semaine.

Cette météo à la semaine et même jusqu’à 3-4 jours se trouve très bien présentée et très didactique sur le site de soaring météo, ici : https://soaringmeteo.org/

 

 Tout ce que j’expose par la suite vient du travail phénoménal de Jean Orbeson

 

Quand on parle de prévision météorologique c’est la notion de modèle. Il existe différents modèles de prévisions qui intègrent +/- le même type de données mais qui ensuite vont faire des calculs différents suivant le modèle de conception de l’évolution des masses d’air.

On a en gros deux types de modèles :

Les modèle à large échelle, qui donnent des prévisions à la semaine mais qui regardent le terrain de très haut, c’est-à-dire qui ont résolution peut détaillée. Cela est très bien pour avoir une idée de la probabilité de trouver de bonnes journées de vol à 7 jours. Voici comment voit les Alpes le modèle de base GFS :

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

 Entre le profil « modèle »en rouge et le profil topographique réel en noir, ça n’a rien à voir. Les Alpes sont vues comme une grosse bosse uniforme. Il est donc inutile d’espérer de ce type de modèle autre chose que des conditions générales. Cependant ces conditions générales influençant directement les conditions particulières locales, leur étude est primordiale afin de ne pas perdre de temps en déplacements inutiles ou pour la sécurité (foehn, etc.)

Pour notre sécurité et notre confiance dans les éléments il est donc capital de connaître les caractéristiques des masses d’air à grande échelle (celle d’un pays ou d’une région) avant de passer à des considérations plus fines.

Les données du modèle GFS, sont présentées de façon très complètes et assez simples sur le site de Soaring météo, voici à quoi ça ressemble  :

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

En cliquant sur une des rectangles de couleurs du jour choisi on obtient le tracé de l’émagramme expliqué :

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

 

Sur ce graphique on trouve toutes les infos utiles pour le vol :

 

  • Le vent aux différentes altitudes

 

  • l’humidité relative et les formations nuageuses

 

  • le % de couverture nuageuse en fonction de l’altitude

 

  • les différents indices liés à l’instabilité d’une masse d’air.

 

  • l’épaisseur de la couche convective en gris

 

 

 

 

 En cliquant sur le dernier météogramme on obtient un tableau récapitulatif des conditions pour le lieu choisi pour les 7 prochains jours: À partir de ce tableau il est possible d’avoir les émagrammes ou le texte commentant le temps.

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

 Il est donc facile de se faire un avis assez précis sur les futures conditions météo. L’approche nouvelle de ces prévisions c’est la prise en compte de l’épaisseur de la couche convective (rectangles rouges dans le tableau), caractéristique essentielle pour prévoir une bonne journée de vol. Explication couche convective complète : https://soaringmeteo.org/GFSw/helpCBL.pdf

Toutes les explications détaillées de l’utilisation du site ici en anglais : https://soaringmeteo.org/GFSw/helpMap.pdf

Là on voit clairement que cette semaine d’après confinement est pourrie pour le vol libre et qu’il y a peu d’espoir de faire de grands vols….

 

Maintenant pour voir ce qui va se passer plus précisément on va prendre un modèle météo à mailles plus fines, et qui donc demande plus de calculs. Il va prendre en compte plus de détails géographiques afin de mieux appréhender les vents de vallées en fonction de l’heure, etc.

C’est le modèle wrf :

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

 

  •  La prévision n’est plus qu’à 3 jours maxi

 

  • la prévision est concentrée sur l’arc alpin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En cliquant sur un repère on obtient le météogramme (mais aussi les émagrammes correspondants) pour chaque heure du jour suivant : Cette fois la prévision est plus précise  :

Météo : différents modèles pour différentes prévisions

 

Voilà donc un petit aperçu de la prévision météo et de ce qu’il est important de regarder pour ne pas rater une bonne journée. Un grand vol ne s’improvise pas et cela se prépare en amont de façon à être dispo au bon endroit le jour j.

Les autres modèles de prévisions comme météoparapente ou météoblue utilisent également la modélisation en tenant compte de la couche convective (modèle RASP). Chacun d’entre eux ensuite a sa propre présentation, plus ou moins intuitive, plus ou moins étoffée et avec des spécificités pour chacun.

Météparapente est très bon pour le vent  local et a l’avantage de calculer sur toute la France et pas seulement les Alpes. Arome est excellent pour les vents locaux mais avec une prévision à 24h maxi ! Météoblue est très bon sur les Alpes et sur la prévision des plafonds, par contre souvent un peu pessimiste sur la couverture nuageuse.

Bref, il faut du temps et de la pratique pour exploiter au mieux chacun des modèles et en faire sa propre compilation.

Bon courage !

 

Le site de soaring météo de Jean Orbeson : https://soaringmeteo.org/

 

Un grand merci à lui pour toutes ces connaissances partagées.

 

 

 

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