Le risque de mourir en faisant ce que nous aimons

Je reprends ici les grandes lignes de ce pilote Clemens S. Ceipek qui s’est interrogé sur la question : « Pratiquer le planeur est-il vraiment dangereux ?

D’ailleurs son site https://chessintheair.com/(en anglais) est une mine d’informations sur le vol en planeur et le vol libre en général.

La démarche entreprise est très intéressante car elle permet de comparer les différentes activités dites « à risques » sur une base de comparaison commune, le taux de décès par heure de pratique.

En effet on entend souvent dire que la voiture ou la moto font plus de morts, etc. Du coup afin d’avoir une comparaison fiable il a divisé le nombre de morts (statistique fiable) des activités par le nombre d’heures de pratique (statistique fiable mais moins précise mais on n’est pas à l’unité près)

L’auteur fait remarquer que ces statistiques de décès sont intéressantes mais incomplètes car on ne regarde pas les blessés graves, souvent très nombreux dans certaines activités au regard des décès. Par exemple on va sous-estimer la dangerosité d’un sport comme le parapente qui produit beaucoup plus de blessés très graves que de décès et sur-estimer celle du wingsuit qui lui ne fait pas de blessés !!!

Mais tenir compte des blessures même graves dans les statistiques est très difficile car contrairement aux décès elles ne sont souvent pas bien remontées vers les fédérations et donc prises en compte.De plus souvent les résultats définitifs de ces blessures sont connus des mois voire des années après l’accident.

L’idéal aurait été d’avoir le risque de mourir et aussi d’être blessé gravement avec des séquelles importantes à vie. Peut-être un jour ?

Mais on peut encore se demander si regarder le nombre de morts par heure de pratique a un sens pour des activités comme le parachute ou un saut ne dure que quelques minutes et donc même en sautant 4 fois/jour sur un an il n’aura accumulé m^me pas 100h d’activité.

 

En tout cas quoiqu’on fasse comme calcul, cette statistique est certainement plus proche de la réalité que ce que nous vendent les fédérations ou les écoles lorsqu’on se lance dans ces activités.

 

Quatre groupes ont-été distingués par rapport à leur taux de décès/heures :

Le risque de mourir en faisant ce que nous aimons 

 Activités plutôt sûres

 Ici on constate que conduire (aux US) va statistiquement vous tuer 1 fois tous les 262 ans ou ce qui revient au même que votre chance de mourir dans les prochaines 1000h de conduite est de 0,04%

 

On voit que pour le cyclisme c’est déjà le double…. !

 

 

 

 

 

Activités plutôt dangereuses

Le risque de mourir en faisant ce que nous aimonsDans cette catégorie d’activités quelque peu dangereuses on découvre que l’équitation vous tue plus de 10 fois plus sûrement que le cyclisme !

 

 

 

Activités dangereuses

Le risque de mourir en faisant ce que nous aimonsDans cette catégorie d’activités dangereuses on retrouve notre parapente avec un mort toutes les 35000h de pratique (=4ans)

Vous avez 2,9% de chances de mourir dans les 1000 prochaines heures de pratique. Donc un pilote qui vole 100h/an a 2,9% de chances de mourir en parapente dans les 10 ans à venir.

C’est presque 2 fois moins que le parachutisme mais ici le parachutisme est avantagé par la statistique puisqu’il ne fait pas souvent de blessés alors que le parapente en fait beaucoup plus que des décès. Et le saut dure qq secondes. personne ne fait 1000h !

Le risque de mourir en faisant ce que nous aimonsActivités très dangereuses

Dans les activités les plus dangereuses on trouve l’escalade de l’Everest qui tue une fois tous les 4 mois de pratique, soit 40% de chances de mourir dans les 41 prochains jours de pratique…

Activité follement dangereuse

La palme incontestable de la dangerosité revient au wingsuit et base jumping qui vous tue sûrement 1 fois toutes les 21h !

Évidement on va dire qu’un saut en wing ne dure qu’une minute ou deux et que ça ne fait que des morts et pas de blessés…

 

On constate que le parapente en calculant de cette façon (Nb de morts/Nb d’heures de pratique) qui est la plus rigoureuse en considérant les chiffres disponibles fait bien partie des activités dangereuses.

Et que si on considérait le risque d’avoir un accident très grave avec des séquelles importantes à vie dans cette dangerosité cela ferait au moins doubler le pourcentage de dangerosité extrême pour le parapente sans faire bouger les pourcentages du parachutisme par exemple.

De mon point de vue j’en conclue donc que notre activité est à la frontière entre les activités dangereuses et très dangereuses et que le risque de mourir ou d’être très gravement blessé avec des séquelles à vie est d’environ 6% dans les prochaines 1000h de pratique.

Autrement dit si on connait 50 pilotes qui pratiquent 100h/an, 3 auront un accident très grave ou se tueront dans les 10 ans à venir. (faites vos calculs en considérant vos connaissances sur les 10 dernières années…)

 

Une autre façon de comparer le risque de surmortalité est de placer l’activité sur la courbe de risque de décès en fonction de l’âge (aux US).

Le risque de mourir en faisant ce que nous aimons

 

 

Dans cette représentation le parapente  nous procure la même probabilité de mourir dans les 41 prochains jours (24h de pratique / jour) qu’une personne de 92 ans !

 

Faire du parapente 24/24 c’est aussi dangereux que d’avoir 92 ans !!!

 

Remarque le base jump ou wingsuit ne sont pas représentés car leur risque serait le même que celui d’une personne de +140 ans…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les risques concrets et les stratégies d’atténuation des risques sont évidemment spécifiques
à chaque activité, et en discuter serait aller au-delà de la portée de cet article. Mais il existe des stratégies d’atténuation des risques pour toutes les activités et les déployer de manière délibérée et cohérente peut être très efficace (pour certaines activités probablement plus que pour d’autres). Si vous faites quelque chose qui est objectivement dangereux (et maintenant vous savez ce qu’il en est), le fait de connaître ces stratégies et de les prendre au sérieux peut vraiment vous aider à rester en vie.

Show 1 Comment

1 Comment

  1. Fab

    Très belle analyse. Le point où je ne te rejoins pas c’est ta conclusion sur les 6% d’être gravement blessé ou mort dans les 1000 prochaines heures de Parapente. Tu considères qu’il y a autant de chances d’avoir un accident grave que de mourir. Mais le ratio des stats ffvl est qu’il est environ 12 fois plus fréquent d’observer des blessures graves que de mourir (2021: 11 décès pour 140 blessés lourds). Donc le calcul devient 3% de chances de décès /1000h+ 36% d’accident grave par 1000h = environ 40% de chance de mourir ou être gravement blessé sur 1000h de pratique. Donc en volant 100h par an, environ 1 chance sur 25 d’avoir un accident grave ou pire. Ça semble énorme mais c’est ce que disent les stats de l’étude que tu cites couplé à celle de la ffvl.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *